#5 – Sortie de quarantaine

Après deux ans à l’éviter, même si c’est pas faute d’avoir tenté le diable parfois je dois dire, il a fini par s’intéresser à moi. Oui, j’ai chopé le covid. Et évidemment pas dans la simplicité. Sinon c’est pas drôle. Comme pour tout dans ma vie, ce fut une histoire complexe avec lui. Cas contact (quatre fois en deux semaines alors que je ne l’avais jamais été en deux ans), quarantaine anticipée avec ma pote, résultats de mon PCR négatif alors que le sien est bien positif, alors rebelotte, de nouveau cas contact, quarantaine et finalement PCR positif. La même semaine que mes règles. VDM. Montagnes russes dans mes émotions. Sans compter le premier jour de l’an qui s’est avéré… comment dire… particulier. De la fête aux larmes en quelques heures. Ah beh ça donnait le ton. 2022, t’as pas bien commencé mais j’espère que tu seras cool quand même.

Au moment où j’ai commencé à écrire ce paragraphe, j’étais clairement dans un « tough moment ». Le problème avec moi, c’est que mes émotions me contrôlent bien souvent. Parfois j’ai l’impression que tout va bien. Mais en réalité c’est parce que je suis dans l’action. Je fuis mes émotions négatives. Mais je ne m’en débarrasse jamais vraiment. Dès que je me retrouve seule, que je ne cours pas dans tous les sens, que je me retrouve dans la banalité (présumée en tout cas) de la vie quotidienne, c’est comme si je me sentais vide. Et puis d’autres fois, je pense à tout ce que j’ai déjà fait et tous les projets qui se mettent en place, ou ceux qui sont en construction. Et je me sens si remplie dans ces moments. Je me sens poussée des ailes, je pourrais déplacer des montagnes. Et je me sens tellement heureuse. Je m’en veux parfois d’être d’humeur si fluctuante. Tout comme je m’en veux d’être parfois si nostalgique d’un passé qui n’existe plus, de personnes qui ne font plus partie de ma vie et de moments qui n’étaient pourtant pas aussi heureux que dans mes souvenirs. C’est parfois tellement dur de passer à autre chose. Pas tant dans les sentiments, mais plutôt dans les habitudes. C’est juste difficile de ne plus être dans la vie de quelqu’un qui a compté. J’ai ce besoin tellement immense d’être aimée, d’être vue, d’être reconnue. J’ai du mal à accepter l’absence, ou en tout cas le peu d’intérêt des gens pour ma personne. Du mal à me dire que je ne peux pas plaire à tout le monde. J’ai toujours cette tendance à vouloir séduire, à vouloir qu’on me trouve géniale. Pourtant, on a le droit de ne pas « matcher » avec quelqu’un. Parfois nos personnalités sont différentes et ne sont pas compatibles, ça arrive. Je sais que ça ne retire aucune valeur, ni à moi ni aux autres. Mais savoir quelque chose ne me prémunit pas de ressentir l’inverse. Et je sais que c’est un point sur lequel je dois continuer à travailler. Lâcher prise. Me détacher du regard des autres. De l’importance que j’accorde aux relations. Et aussi, de cette compétition dans laquelle je suis en permanence. Vouloir être la meilleure, vouloir être aimée, vouloir briller, vouloir être plus, toujours plus. C’est éreintant. Comme je disais, lâcher prise. Et juste vivre.

Ce qui me caractérise aussi, c’est mon envie de grandes choses. J’ai souvent l’impression de ne pas être assez, de ne pas faire assez, de ne pas vivre assez. Alors, pour combler ce vide, cette peur en moi, j’ai besoin d’ambition et de projets. Des tas de projets. J’ai besoin de me sentir évoluer. Et la base de l’évolution c’est le changement. Je n’ai pas envie de stabilité. En tout cas je n’y aspire pas pour le moment. Et au détour d’une conversation avec une amie ici à Augsbourg, je me suis posée cette question : « pour combien de temps suis-je ici ?« . Quand j’ai pris la décision de partir en Allemagne, j’avais planifié d’y rester deux années, en tout cas au minimum. Parce que cela ne dépendait pas que de moi, et ce n’était donc pas sur moi que je me basais pour me projeter. Ce qui est différent maintenant. Je n’ai plus de contraintes, et plus de plans à vrai dire. Je me sens toujours quelque peu dépendante parce qu’évidemment j’ai rencontré des gens que j’aime ici, et je ne peux pas m’empêcher de me dire que s’ils partent, je ne sais pas si moi je resterai au même endroit. Et puis, maintenant que je sais que OUI c’est possible de se créer une nouvelle vie à l’étranger, je sais que j’ai envie d’explorer d’autres lieux. Voyager beaucoup bien sûr, mais je dois avouer qu’il y a certains endroits où j’aimerais vivre. Alors à l’heure actuelle, je reste toujours sur une limite de deux ans ici. Mais j’ignore ce qui se passera d’ici là. C’est peut-être ça qui est le plus rassurant dans une vie « stable ». Je ne juge pas les gens qui choisissent de suivre le schémas que la société a fabriqué pour nous. Études, CDI, maison, couple, enfant(s)… C’est tellement plus simple de connaitre à l’avance la prochaine étape. C’est une manière de « sécuriser » son avenir. Et vraiment, je peux le comprendre. Moi j’ai jamais voulu ça. Je me reconnais pas là-dedans. Il n’y a pas de notion de « c’est mieux » ou « c’est moins bien ». Mais le fait est que que je vis dans l’incertitude et je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait, moins en tout cas que celles et ceux qui ont un plan de vie un peu plus ordonné que le mien. Par contre j’ai des objectifs. Et je sais que je mettrai ces deux années (ou plus, ou moins, seul l’avenir nous le diras) à profit pour construire mes projets, apprendre de nouvelles compétences, acquérir de l’expérience, faire des rencontres, et saisir les opportunités sur mon chemin. Et c’est précisément l’état d’esprit dans lequel je suis maintenant. Je vois des perspectives d’évolution dans mon boulot (je crois que je consacrerai un article sur ma situation professionnelle ici, ça pourrait être sympa), je planifie de nouvelles formations, je crée de nouveaux contacts,… Mais malgré tout, même si je pense à l’avenir, je profite d’abord du présent.

Le mois de janvier a clairement été compliqué. J’ai eu l’impression de ne plus trouver de sens dans ma vie, d’être au point mort, de me sentir vide et seule. Les hormones n’ont pas aidé non plus. Mais j’ai la chance d’avoir tellement de belles personnes dans ma vie, qui m’entourent et me soutiennent. Qui me comprennent et m’aident à être plus tolérante avec moi-même. Même quand elles sont à des kilomètres de moi. Chanceuse. Oui vraiment. Je me sens chanceuse. De ce que j’ai, de ce que je vis. Et j’essaie de m’en souvenir à chaque fois que j’ai un coup de mou. Je répète souvent que la vie est trop courte pour voir le négatif. Que le bonheur ce n’est pas vraiment une destination, ou quelque chose à atteindre, mais plutôt un état d’esprit. Un choix presque. C’est parfois difficile pour moi d’appliquer ça mais j’y travaille.
J’ai retrouvé un nouvel élan et une nouvelle source de motivation pour les mois à venir. Des tas de voyages. Mais aussi des objectifs. Pas forcément tous grands ou ambitieux. Mais des petits défis ou des petites choses positives qui me rappellent que le quotidien peut aussi être cool. 2022, non t’as pas bien commencé, mais j’en fais la promesse, tu vas être incroyable.

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