#3 : Célébration et nostalgie

Au moment précis où j’ai commencé à écrire ces mots, il y a une semaine tout pile j’étais à Berlin en train de vivre un week-end incroyable où la fête était le mot d’ordre, la religion même. Samedi 20 novembre, je suis affalée dans mon canapé, malade comme jamais. Le contraste est plutôt saisissant, je vous assure. A l’intérieur de moi, je me sens bizarre à vrai dire. Comme si plein d’émotions paradoxales venaient se loger dans mon esprit. A l’approche de mon anniversaire, jour que je n’apprécie pas particulièrement, et de ce mois de célébrations, c’est d’autant plus perceptible. Entre films de Noël, vin chaud et chansons de Sinatra, voici venu le temps (des rires et des chants, oui aussi, si vous avez la réf) du bilan de mon troisième mois ici.

Cette période de fêtes, elle est toujours assez particulière pour moi. D’abord parce qu’elle a toujours suscité chez moi un mélange d’émotions positives et négatives. Une joie presque enfantine et, à la fois, une certaine mélancolie inexplicable. Depuis deux ans, ce moment est d’autant plus étrange pour moi. Deux ans. Depuis ces longues semaines qui ont précédé la mort de mon papa. L’année passée, je vivais les débuts d’une histoire d’amour, les papillons dans le ventre et l’esprit insouciant. Cette année, je suis au début d’une nouvelle vie en Allemagne. Seule, mais pas vraiment. Avide de découvertes et de nouvelles expériences. Alors, je vous avoue, le fait d’être dans cette quasi quarantaine, presque H24 chez moi, seule, à tourner en rond et à forcément trop penser, m’a rendu particulièrement nostalgique.

Quand je suis arrivée ici, je me disais que le covid, c’était un peu de l’histoire ancienne. On y a tou.te.s cru peut-être. Mais force est de constater qu’on en a pas encore fini. Je suis venue en Bavière en me disant qu’une nouvelle vie commençait. Alors quand je vois ces mesures qui redeviennent de plus en plus strictes, j’ai la sensation de revenir un an en arrière. Entre télétravail forcé, émois d’une nouvelle relation, notes de piano et chocolat chaud. Je m’en souviens comme si c’était hier. Et je me replonge inévitablement dans le souvenir de ces moments que j’ai vécus à cette période, et aux émotions que je ressentais alors. Nostalgique d’instants perdus, suspendus, dans des minutes qui n’existent plus. D’un passé révolu. Et c’est tant mieux en fait. La vie est faite pour avancer. Mais ces pensées sont propices à m’engouffrer dans une petite bulle de morosité. Telle est ma personnalité, entourée par mille et une questions sur le sens de ma vie. Et puis, bientôt mon anniversaire, bientôt un an de plus. Et inévitablement, j’ai l’impression de ne pas avancer aussi vite que je le devrai. Par rapport à qui, à quoi ? Je ne sais pas. Mais ce sentiment de vide, cette impression que je dois me fixer des objectifs pour réussir ma vie, me reviennent. Comme un boomerang des jours passés. Mais je suis consciente que c’est précisément ce qui m’empêche de profiter de l’instant. Depuis que je suis ici, j’essaie de cultiver un maximum le positif en moi, savourer chaque instant parce que je sais que j’ai la chance de les vivre. Mais je reste humaine, et je flanche parfois. Je redeviens perfectionniste et trop exigeante avec moi-même.

Cette remise en question, elle effleure tous les aspects de ma vie en ce moment. Et forcément aussi le domaine relationnel. A chaque texte, je vous dis que je ne m’étalerai sur ma vie intime – et dans une certaine mesure je ne donnerai pas tous les détails certes – mais je ne peux pas y échapper. Je veux dire, c’est aussi quelque chose que j’ai besoin d’exprimer. Depuis que je suis ici, célibataire de surcroît, j’entends bien profiter de la vie. Comme je l’ai globalement toujours fait. Un électron libre. Sans attaches. Ça peut sembler un peu paradoxal – et je le suis indéniablement – mais j’ai en même temps un besoin d’affection immense et un désir de liberté irrémédiable. J’aime partager des moments. J’aime échanger. J’aime connecter. Et je dois dire que j’ai aussi aimé le fait d’être avec une personne, d’avoir quelqu’un sur qui compter et avec qui vivre chaque moment. C’était inédit pour moi. Mais d’un autre côté, j’ai besoin de nouvelles rencontres, d’instantanéité, de parenthèses. Comme pour tout dans ma vie, je me lasse facilement sans challenge, sans nouvelles aventures à vivre. J’ai en moi un désir virulent d’indépendance. Et je sais qu’être dans un couple conventionnel peut dans une certaine mesure réduire le champ des possibles. Moi j’ai envie d’explorer le monde et de vivre ma vie, sans frein ni entrave. Pour moi. C’est d’ailleurs pour ça que j’aspire à être ma propre patronne. (Oui je change de sujet, j’en ai assez dit sur mon intimité pour cette fois, mais j’en reparlai inévitablement). Quand je me remets en question, ça me booste aussi. J’ai des projets dans la tête. Des envies pour mon avenir. Et il est parfois nécessaire d’une étincelle pour démarrer le feu, pour commencer à mettre des choses en place. J’ai des idées mais qui sont encore en brouillon. Bientôt la fin d’une année et peut-être le moment d’envisager d’en faire une copie plus propre et ordonnée. Je le sens.

Beaucoup d’ambition pour ce dernier texte de mes 26 ans. A l’heure où je termine cette phrase, j’entends Unstoppable de Sia (vraiment) qui résonne dans mes oreilles. Et c’est la sensation que j’ai en moi à cet instant précis. Ironique quand on repense aux premières lignes de ce texte. Mais c’est tout moi. Aussi bas je tombe, aussi haut je me relève et m’envole. Cap sur le club des 27 (mais bien décidée à ne pas m’arrêter là, ce serait cool).

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