Un temps pour la réflexion

* * *

A l’heure où j’écris ces mots il est 17h. Déjà. Je ne vois pas passer les heures. Ni les jours. Ni même les semaines. Dans un mois pile c’est mon anniversaire. 25 ans. Non, je ne vais pas m’en plaindre. Mais je dois admettre que c’est toujours une période particulière pour moi, mêlant nostalgie et espoir. Il faut dire que je suis née au mois de décembre, le mois qui sent le chocolat chaud et la fausse neige sur les guirlandes de Noël. Et la fin de l’année aussi.

« Ô temps, suspends ton vol !« , écrivait Lamartine. Je le souhaite très souvent, pas vous ? La vie passe, ou plutôt elle s’écoule. Telle une rivière, un torrent dont on ne peut arrêter la course. Une sensation qui ne me quitte jamais. Chevillée à mon corps, accrochée à mon esprit. J’ai peur de ne pas avoir assez de temps. Pas assez pour savourer chaque moment. Pas assez pour découvrir, voyager, explorer, aimer, apprendre, tomber, me relever, grandir… vivre. Oui c’est ça, j’ai peur de ne pas vivre assez.

25 années. J’écris en écoutant quelques morceaux au piano (Ólafur Arnald et Ludovico Einaudi, entre autres), ce qui je vous l’avoue, donne à tout cela une dimension quasi théâtrale, dramatique même. Ne m’en voulez pas. 25 années disais-je. N’est-ce pas un peu tôt pour avoir peur du temps ? Il ne faut pas trop fantasmer son avenir, cela crée des attentes qui ne seront jamais atteintes (en tout cas jamais dans les moindres détails). Et pourtant c’est ce que j’ai toujours fait. A 15 ans, il me semblait que dix années représentaient l’éternité. Ai-je accompli tout ce que j’avais imaginé ? Non. Mais est-ce le plus important ?

Les projets et les objectifs changent, évoluent. Comme nous. Vous savez, j’ai tellement de rêves. Certains ne seront jamais réalisés, j’en suis consciente. Mais j’ai parfois du mal à m’y résoudre. Un peu comme pour tous ces livres que je ne lirai pas, tous ces endroits que je ne visiterai pas, tous ces gens que je ne rencontrerai pas, tous ces savoirs que je n’apprendrai pas. J’ai besoin d’intensité et de démesure. Quand on me demandait ce que je voulais faire dans la vie, je n’ai jamais su quoi répondre. Pas parce que je ne sais pas, mais parce qu’il y a bien trop de choses que je veux faire. Indécise, peut-être. Insatiable, souvent. Idéaliste, toujours.

Comment faire quand on n’a qu’une seule vie ? Essayer de trouver le remède comme Gérald de Palmas ? Je n’ai pas la réponse. Je ne peux pas me contenter de peu. Je ne veux pas. Une pensée flotte inlassablement dans mon esprit : j’aimerais réaliser de grandes choses. Et cette pression fantasmagorique pèse sur mes épaules. C’est mon épée de Damoclès. Mais qui est juge de la grandeur de mes actions, si ce n’est moi ? Moi qui suis plus exigeante avec moi-même que n’importe quelle autre personne. Je devrais apprendre à être plus indulgente, je le sais. J’y travaille.

Parce qu’une vie remplie est-elle une vie réussie ? Est-ce dans la quantité que l’on trouve le bonheur ? N’est-ce pas plutôt dans l’intensité avec laquelle nous décidons de vivre chaque instant ? La valeur d’un moment n’est-elle pas celle qu’on lui accorde tout simplement ? On pourrait croire que je vous pose ces questions, mais c’est surtout à moi et à ma conscience que je m’adresse. Écrire est une thérapie souvenez-vous en. C’est une façon de se parler à soi-même mais en y incluant un interlocuteur possible, pour se sentir moins fou peut-être. Ouvrir une réflexion pour moi, et essayer de trouver un écho chez ceux qui me liront.

Il est 19h. C’est fou, une fois de plus je n’ai pas vu le temps passer. Et au terme de ces considérations sur fond de piano, je sens que de grandes choses arrivent. Je le sais parce que c’est moi qui choisis de les considérer comme telles. J’ai longtemps cru que je n’étais pas assez. Mais ce n’est pas ça, non. Je suis, nous sommes tous, un livre qui s’écrit page après page. Serait-ce si cliché de dire qu’il ne tient (presque) qu’à nous de rendre cette histoire aussi belle et heureuse que nous le souhaitons ? Et si j’en doute encore (ce qui arrivera), je viendrai relire ces dernières lignes, je m’en fais la promesse. Le temps n’est pas notre ennemi, il suffit de faire comme s’il n’existait pas. Et vivre.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *