Un espoir nommé Greta

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Il fait gris, il pleut, je déteste ça. Mais je me demande pourquoi je me plains alors que je vis en Belgique depuis 24 ans. A quel moment j’ai cru que le soleil allait y élire domicile ? Hier je suis tombée sur le discours de Greta Thunberg au sommet du climat de l’ONU. J’en ai eu des frissons. Quoi qu’on en dise, moi je suis impressionnée. Je dis « quoi qu’on en dise » parce qu’on en dit beaucoup justement. Une marée de critiques sur sa personne, son engagement, ses actions, ses prises de parole,… Même quand il pleut, les gens se plaignent moins que quand il s’agit de la petite Greta.

On l’accuse d’être un vulgaire pantin manipulé depuis son plus jeune âge pour être lancée telle une bombe dans le quotidien des politiciens du monde. Je me pose la question … Le pantin de qui exactement ? Elle a subi un lavage de cerveau du KGB programmé par ses parents ? Ou alors peut-être qu’elle est à la solde de la grande secte des islamo-bobo-écolo-gauchistes ? Je suis morte de rire. Et toujours étonnée par l’omniprésence de la pensée complotiste. N’est-ce pas quelque peu condescendant de croire qu’une jeune fille de 16 ans ne puisse pas avoir ses propres opinions et en retirer l’envie de se battre pour son avenir et celui des autres ?

Et puis même. On s’en fout du pourquoi ou du comment non ? C’est un fait, on a besoin de décisions, d’actions concrètes. Désolée, mais la Greta elle permet quand même de mettre le sujet sur la table. Bon ok c’est pas forcément toujours productif (parfois même contre-productif avec l’opinion publique) on le voit. Mais elle l’ouvre quoi. Ça fait du bien bordel. Elle ne se prétend pas héroïne ou sainte. Son combat, je le vois comme un signe d’espoir. Celui que l’apathie n’a pas encore contaminé 100% de la population mondiale. Avec elle se dessine la possibilité d’autre chose.

Certes on la voit partout. Certes on en a fait une icône, le fer de lance d’une génération. Certes on en fait de la récup’ politique à toutes les sauces. Mais comme pour tout mouvement j’ai envie de dire. Clairement, le problème ici c’est qu’elle dérange. On n’aime pas les gens qui dérangent. Les gens qui bousculent le gentil petit ordre établi. Les gens qui font la morale, surtout si ces gens sont jeunes. Elle ferait mieux d’aller à l’école. Ah désolée j’avais oublié que la valeur attendait le nombre des années (d’étude)… Quoi, une fillette qui donnent des leçons aux dirigeants du monde entier ? Mais pour qui elle se prend ? Juste pour une citoyenne qui a envie d’avoir un avenir et qui a choisi d’utiliser ses propres armes. Ni plus ni moins.

Du haut de ses 16 ans, la meuf a une conviction qui force le respect. Elle se bouge, contrairement à 99% des gens qui la critiquent. Après ok, je conçois que certains y voient une certaine « dictature » de la pensée écologiste. Il faut dire que l’on vit dans un modèle de société qui nous pousse à dépasser toutes les limites, au nom de la liberté et de la croissance économique. La surconsommation est devenue la norme. Tout est trop. Tout va vite. Gagner plus pour dépenser plus. Encore et toujours. On estime que notre confort est un droit intouchable. Et plus on en a, plus on en veut. Alors revenir en arrière et sacrifier un peu de ce confort, c’est pas concevable.

Attendez là je cherche une métaphore pertinente pour illustrer mes propos… Peut-être… Notre rapport au confort, c’est comme un escalator qui monte, il faudrait beaucoup trop d’efforts pour redescendre, autant se laisser porter par le mouvement, toujours plus haut. Alors ? Moi ça me parle. Peut-être qu’à vous aussi. Bon, on va dire que oui.

Depuis des décennies, on épuise les ressources de la planète. Sans se dire qu’il faudrait ralentir. Beh non… la croissance infinie, ‘voyez… Bêtises. Irresponsabilité. Que faire quand on se repose sur les générations futures pour remédier à un problème qui implique précisément de rendre incertain le futur de ces générations ? C’est maintenant qu’il faut agir. En fait, ça fait 50 ans que ça aurait dû être « maintenant ». La nature s’épuise, les écosystèmes s’effondrent, les animaux s’éteignent, l’humanité est en péril. Et je suis persuadée que c’est pas pour la planète qu’il faut s’inquiéter le plus… Elle en bavera encore mais elle nous survivra certainement. Malmenée, abîmée mais indestructible. Pour nous, je suis moins sûre. Peut-être que les humanoïdes à l’intelligence artificielle feront mieux que nous quand on aura disparu. Ah ah ah.

Non mais du coup, et si on se concentrait sur le vrai problème, et plus encore sur les solutions, plutôt que sur les moindres faits et gestes d’une ado de 16 ans qui a simplement décidé de se battre pour ce en quoi elle croit ? Juste, je propose hein.

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