Guillaume Meurice, humoriste humaniste

Guillaume Meurice, c’est un peu le pote qu’on aimerait tous avoir dans notre groupe d’amis. Sa bonne humeur et son ton taquin le rendent attachant, c’est indéniable. Que ce soit sur les ondes de France Inter aux côtés de nos deux compatriotes Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, ou sur scène avec son spectacle, c’est un mec marrant, Guillaume. Eh bien, vous savez quoi ? Pour Feel d’Actu je suis partie à la rencontre de celui dont le nom rime avec le chocolat afin d’en savoir un peu plus sur lui ! Et comme je suis sympa, je vais tout vous raconter (ou presque). Alors, qui est Guillaume Meurice ? Pour vous, j’ai essayé de résumer l’essentiel dans cet article. Allez, c’est parti !

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L’humour comme intermédiaire

S’il a fait de l’humour son métier, on ne peut pas nier que Guillaume Meurice est avant tout un homme qui dit ce qu’il pense, pour ne pas dire un homme « engagé », même s’il estime – à juste titre – que le mot est quelque peu galvaudé de nos jours :

« Oui, je suis d’abord un mec qui a des convictions, des idées, des constats sur la société, et la manière la plus naturelle pour moi de le dire, c’est en faisant des blagues. L’humour, c’est un moyen. »

Un moyen de pointer les injustices de notre société, précisément parce qu’il a la parole :

« Je fais partie de la classe dominante, je suis blanc, hétérosexuel et je vis dans un pays riche et en paix… À partir de là, j’ai une petite responsabilité, à l’échelle de ce que représente la responsabilité d’un humoriste, certes, mais quand même. »

Quand on y regarde de plus près, cette idée d’aller au-delà du rire lui-même pour s’interroger sur le « pourquoi on rit et dans quel but », c’est finalement assez représentatif de cette nouvelle génération d’humoristes « hybrides » représentant « l’esprit France Inter » :

« des gens de conviction et des gens qui les défendent humoristiquement ».

Et on peut dire que Guillaume représente très bien cet état d’esprit.

Et puis, le rire, c’est aussi une manière de ne pas garder ses colères pour lui tout seul. Au contraire, il les transforme en grosses parties de rigolade, pour notre plus grand plaisir. Et pour le sien aussi, en fait. Bah oui, s’il fait ce métier, c’est parce que ça lui permet de dire ce qu’il a à dire en rigolant, et ça, c’est une chance :

« Il y a d’abord un but égoïste, celui de ne pas garder les choses pour moi en les canalisant dans l’écriture. Je le fais de manière à m’amuser moi aussi parce que j’ai pas envie que ça devienne quelque chose de chiant pour moi et pour les autres. »

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il a participé à divers projets comme le livre On n’est pas sérieux quand on a 2017 ans avec le dessinateur Large, ou encore l’émission Infrarouge sur le harcèlement sexuel au travail (comme intervenant, pas comme harceleur, je vous rassure) :

« J’ai des opportunités, des propositions, des projets que je refuse ou que j’accepte. À partir du moment où j’ai envie de le faire et si je vois ce que je peux y apporter, alors, je le fais. Mais ça ne fait pas partie d’une grande stratégie de diversification marketing, comme pourrait le dire le personnage du communiquant peu scrupuleux que je joue sur scène. Moi, je fais les choses parce que ça me fait kiffer ! »

D’ailleurs, c’est dans la même optique qu’il prépare son prochain projet (attention révélation dans 3, 2, 1…) :

« Je suis en train d’écrire un bouquin qui n’a rien à voir du tout avec l’humour. Et pareil, c’est pas un besoin de me diversifier, c’est juste que j’ai une occasion de le faire et, voilà, je le fais. Même si on en vend 50, tant pis, moi j’avais vraiment envie de le faire, et donc c’est le principal ! »

On n’aurait pas dit mieux ! Du coup, on attend ce livre avec impatience. Et avec cette pub, il en vendra plus de 50, c’est sûr. Genre 51.

Dur sur le fond, doux sur la forme (je parle de son discours, calmez-vous)

S’il y a un truc qui caractérise bien Guillaume Meurice, c’est son flegme légendaire. On pourrait se demander si ça lui arrive de piquer des colères dans la vraie vie. Ça doit lui arriver c’est évident, sinon un jour il va foutre le feu à l’Élysée et forcer Macron à regarder ses costumes brûler, faudra pas s’étonner. Mais son credo, c’est plus la facétie et la bonne humeur que l’agressivité, ça, c’est sûr. Il reste sympa avec les gens, même quand ceux-ci ne partagent ses opinions.

D’ailleurs, je suis sûre que même Pierre Gattaz ne peut pas s’empêcher de bien l’aimer au fond de lui (après trois relectures, je me suis rendu compte de l’ambiguïté de cette phrase). Pour percevoir cette bienveillance, il suffit d’écouter ses micros-trottoirs, où il côtoie des extrémistes, des racistes, des sexistes ou encore des personnes qui peuvent nous apparaître comme simples d’esprit. Parfois, on en arriverait même à préférer qu’il paye les passants pour tenir certains propos. Mais lui, il reste compréhensif et relativise :

« On a une perception de la réalité qui est biaisée parce qu’on traîne toujours avec les mêmes cercles d’amis, qu’on choisit. Je dis souvent aux gens d’aller au marché et de discuter avec dix personnes, et vous allez voir comment je fais mes chroniques. C’est juste que, cette parole, on ne l’entend pas dans les grands médias donc on se dit que ça n’existe pas. C’est la « majorité silencieuse » dont parle le FN. Bon, évidemment, eux, ils instrumentalisent ça, mais sur l’appellation ils n’ont pas tort : ce sont des gens qu’on n’entend jamais. »

En fait, son truc à Guillaume, c’est plutôt de mettre les gens face à leurs propres contradictions, dans le plus grand des calmes. En faisant parler les gens, souvent en poussant les logiques jusqu’à l’absurde, il les fait s’interroger sur ce qu’ils pensent, rester critiques vis-à-vis des discours qu’ils entendent :

« J’en veux jamais aux gens de penser ce qu’ils pensent. On n’est pas responsable de ce qu’on pense, on est tous le fruit d’une éducation, d’un environnement. Moi, j’aime bien interroger le « pourquoi ». Même moi, je m’interroge sur ce que je pense. »

« Être le plus cohérent possible »

Même s’il rassemble de plus en plus de monde, Guillaume Meurice reste humble et lucide par rapport à ce qu’il fait :

« Le public qui est de plus en plus nombreux et la notoriété avec la radio, c’est plutôt positif. Ça me fait plaisir, je m’en fous pas, mais, je sais que ça peut s’arrêter. Du coup, ça n’influe pas sur ce que je fais parce que je le faisais déjà avant quand je jouais devant 20 personnes. J’ai jamais fait les trucs dans le but d’être le plus écouté possible. Je fais des trucs dans le but d’être le plus libre possible. Je dois dire que j’ai eu une enfance heureuse, du coup, je ne fais pas ce métier pour être aimé et combler une sorte de faille affective. C’est peut-être ça qui me préserve, justement. »

Et comme il n’aspire pas à être ni à faire ce que le public attend de lui, peu de chances qu’il devienne « une sorte de caricature » de lui-même pour plaire au plus grand nombre (si, dans dix ans, c’est le cas, on lui ressortira l’enregistrement, ne vous inquiétez pas pour ça).

S’il n’a pas vraiment « d’attentes particulières » vis-à-vis de son public, ça lui fait quand même plaisir de savoir qu’il a un impact, le plus minime soit-il, sur les personnes qui l’écoutent. C’est ce qui s’est passé récemment lorsqu’il a reçu un message de la part d’une « nana catho qui va à la messe » (ce qui ne correspond pas forcément à l’idée qu’on se fait du profil de ses auditeurs, on ne va pas se mentir) qui lui a confié avoir accueilli un réfugié chez elle. Au départ récalcitrante, elle a repensé aux chroniques de l’humoriste, a fini par changer d’avis et s’est rendu compte que ça se passait super bien :

« Même si c’est pas le but premier de ce que je fais, ça, oui, ça me fait super plaisir, parce qu’elle m’a dit que j’avais un impact direct sur sa décision.»

Donner à une catholique pratiquante l’envie d’être charitable… Le gars est plus fort que Dieu, dis donc !

Guillaume Meurice, marrant mais pas seulement

Au final, Guillaume Meurice c’est plus qu’un mec marrant. Son style à la fois tendre et caustique est on ne peut plus rafraîchissant, et ça, ça fait du bien. Oui, voilà, c’est ça, Guillaume Meurice nous fait du bien (ça pourrait totalement être le titre d’un prochain spectacle en fait, non ?). On apprécie l’authenticité de son discours. Il dit ce qu’il pense, vraiment, et ça se ressent :

« J’essaie d’être le plus cohérent possible entre ce que je dis dans mes chroniques et ce que je suis dans la vie. Tendre vers cette cohérence, c’est intéressant. Je pense même que c’est le seul moyen d’être heureux. C’est important aussi de se dire qu’on peut échouer, c’est comme ça qu’on apprend. »

On pourrait même s’inspirer de cette philosophe dans notre propre vie. Comme il le dit lui-même, c’est impossible d’être parfait, mais essayer de faire du mieux qu’on peut, c’est déjà beaucoup. Et puis, de temps en temps, la magie finit par opérer :

« La seule fois où je me suis dit que je ne pouvais pas faire mieux, c’est la fois où j’ai demandé à Patrick Balkany s’il en avait pas marre des hommes politiques qui magouillent. Quand je réécoute, je me dis que c’est vraiment la question parfaite au bon moment, au bon endroit. C’est mon chef-d’œuvre à moi ! »

En attendant d’autres « chefs-d’œuvre », on le retrouve du lundi au vendredi à 17 heures sur France Inter dans Par Jupiter et en tournée dans toute la France avec son spectacle Que demande le peuple ?

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Et en bonus, je vous offre une petite chronique où j’ai rendu hommage au style de Guillaume Meurice (en mieux évidemment #modestie)

Plume

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