Vous avez dit « nouvelle » année ?

2017 vient tout juste de commencer et comme chaque année, un sentiment étrange m’envahit à cette période. Peut-être le ressentez-vous aussi ce sentiment vacillant entre la délicieuse sensation que tout est possible, que cette année qui débute représente autant d’opportunités d’accomplir de nouvelles choses, et la désagréable impression d’inachevé laissée par le constat amer qu’en un an, rien ou presque n’a changé. Pour paraphraser Baudelaire, je me trouve quelque part entre le spleen et le rêve d’un nouvel idéal. Évidemment si vous êtes étudiant comme moi, ce paradoxe s’illustre aussi dans le fait que la période de fêtes est, pour nous, synonyme de blocus et d’examens… Alors forcément, si on est content de s’amuser le soir du réveillon, on n’oublie pas qu’une fois la fête finie (et le réveil douloureux des lendemains de veille), il faut retourner à la dure réalité des études. Pas cool pour bien commencer l’année, vous en conviendrez. Mais même si vous n’êtes pas un étudiant en blocus, vous pouvez ressentir dans le passage à une autre année, ce sentiment ambigu décrit plus haut qui accompagne souvent la fin d’un cycle et le début d’un nouveau.

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Nouvelle année pour une nouvelle vie ?

Après Baudelaire, une référence à Cristina Cordula ça le fait tout de suite moins (comprenne qui pourra). Le fait est que le commencement d’une nouvelle année est le moment propice pour toutes sortes de nouvelles résolutions, de nouveaux projets, de nouveaux objectifs, … bref un tas de changements dans notre vie. Comme-ci le fait de passer à une autre année impliquait inexorablement un impératif de nouveauté dans notre quotidien. Pourquoi ? Je veux dire, objectivement, on ne fait pas un bond dans le temps, on ne fait que passer d’un jour au suivant… comme on l’a fait 364 fois depuis un an. Oui mais voilà, on a cette impression que le fait de changer un petit chiffre à l’année dans laquelle nous sommes nous donne l’impulsion pour un nouveau départ dans notre vie. Comme je disais : la fin d’un cycle, le début d’un nouveau… En vérité, on a besoin de ça pour entreprendre de nouvelles choses. Vous savez, comme ce fameux lundi où on « commence notre régime pour de bon » (perso, il n’est jamais arrivé ce lundi). Alors ça nous permet de dresser la liste de ce qu’on voudrait faire, en oubliant peut-être un peu vite que bien souvent ces « nouvelles choses » sont celles que l’on n’avait pas faites durant l’année écoulée.

Les yeux plus grands que le ventre ?

Alors évidemment que c’est génial d’avoir de l’ambition, de voir grand quand il s’agit de décider qui nous voulons être. Le problème selon moi, c’est de vouloir placer nos ambitieux objectifs de vie dans une si courte année, laissant les espoirs de janvier se transformer en déceptions une fois arrivé en décembre, lorsqu’on se rend compte que tout ne s’est pas passé comme on l’avait prévu. Parce que oui, laissez-moi vous annoncer un scoop : la vie n’est précisément pas quelque chose de prévisible. En nous imposant ainsi ce qui « doit » arriver, on se destine quasi irrémédiablement à terminer l’année le cœur rempli de frustrations. On n’écrit pas son avenir à l’avance, c’est le meilleur moyen d’être déçu par ce qui ne s’est pas réalisé, éclipsant ainsi totalement tout ce qu’on a effectivement vécu, gagné, appris, aimé.  Et puis pourquoi vouloir à ce point chambouler notre quotidien juste parce qu’on entre dans une nouvelle année ? On a parfois le sentiment que si on ne change pas durant cette période, si on ne redonne pas un souffle nouveau à notre vie, on est condamné à l’immobilisme. Voir tous ces gens qui nous entourent et qui semblent avancer dans leur vie, alors que nous, on a l’impression de faire du sur-place, c’est clairement déprimant (merci aux réseaux sociaux de renforcer indéniablement cette sensation). L’herbe a toujours l’air plus verte ailleurs bla bla bla, vous connaissez la chanson. Et si on se concentrait sur nous plutôt. Est-ce que je suis réellement insatisfait de ce que j’ai pour vouloir changer ainsi ma vie à l’aube de cette nouvelle année ? Posons-nous la question avant de formuler des souhaits qui ne sont en fait peut-être que le reflet de ce que nous pensons vouloir en regardant les autres. Nos résolutions, bonnes ou non, ne devraient être que la réponse à une envie, un besoin personnel, et pas à une stupide tradition de Nouvel an.

Le changement, c’est maintenant !

Oui je sais, depuis Hollande ce slogan a clairement perdu en crédibilité (petite vanne politique, on aime bien). Mais en vrai, elle a du sens cette phrase. Si souvent, on a cette fâcheuse tendance à la procrastination (moi la première). Comme si on considérait que les choses seront plus simples si on décide de les remettre à plus tard (grave erreur, surtout quand on est étudiant et qu’on arrive au blocus… on se comprend j’en suis sûre). Evidemment, on a le droit de patienter, de réfléchir, de faire mûrir nos idées et nos projets, c’est même plutôt conseillé. Mais bien souvent, si on tarde à faire les choses qui nous font peur, c’est précisément parce qu’elles nous font peur. C’est cette crainte permanente d’échouer qui nous bloque et qui finit par nous frustrer parce qu’on n’aura même pas essayé. Il y a une citation qui dit : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends ». Bon c’est vrai que sur le moment, on voit rarement un échec comme quelque chose de positif. Mais c’est important de dédramatiser, d’en retirer des enseignements pour la suite.  Soyons moins durs avec nous-mêmes. Et puis, cessons de croire que la réussite implique nécessairement beaucoup de bruit. Parfois, de simples petites choses du quotidien peuvent s’avérer être de véritables accomplissements dans notre vie. Faire sourire un ami triste, partager ce que l’on a avec quelqu’un qui en a besoin, terminer un livre passionnant (ou l’épisode d’une série qu’on aime, si on n’est pas fan de lecture comme moi), connaitre les paroles d’une nouvelle chanson, courir quelques kilomètres de plus que lors de son dernier jogging, ou même tout simplement acheter ce petit pull qui nous faisait de l’œil depuis des semaines. Ça parait bête mais prenons le temps de nous rendre compte de tous ces petits moments qui composent notre vie et qui, même s’ils ne semblent pas signifier grand-chose, sont pourtant des petites réussites du quotidien dont nous pouvons être heureux.

Conclusion, n’attendons pas un 1er janvier pour commencer de nouvelles choses (ou recommencer celles où on avait échoué), pour rompre avec nos habitudes, pour réaliser nos rêves (et ce, qu’ils soient grands ou petits) pour apprendre, pour évoluer, pour changer ce qui ne nous plait pas, … bref, pour inventer notre vie. Parce qu’on n’en a une seule, et ce serait bête de la gâcher à (nous) faire des promesses que l’on ne tiendra pas, quand on peut faire de chaque jour un pas de plus vers la personne que nous voulons être, sans être déçu de ce que nous sommes déjà. Et vous savez ce qui est super ? On peut faire ça tout le temps, même quand c’est pas le 1er janvier (ou le lundi). Alors, rappelons-nous une chose essentielle : il n’y a jamais de rêves qui ne soient pas assez ambitieux ou d’actions qui ne soient pas assez importantes, dès l’instant où leur accomplissement nous apporte du bonheur 🙂

jacques-brel-voeux
Je vous souhaite (et à moi aussi d’ailleurs) tout ça ! Mais pas seulement pour l’année qui arrive, je vous les souhaite pour votre vie.

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